L’école est un lieu où se côtoient les contradictions les plus tenaces, tant les écarts entre le discours sur elle-même et la réalité de ses résultats sont diamétralement opposés. Il suffit de considérer dans le même temps, à la fois sa mission, qui se voudrait celle de la République soucieuse donc de libérer les individus, et d’autre part, l’importance de l’échec scolaire qu’elle produit, et qui se traduit par le faible taux de lecteurs véritables dans notre corps social.

Si l’on souhaite valablement mettre en évidence ce pourcentage de publics simplement alphabétisés, ou guère plus, il convient de relever que, dans notre population, rares sont les individus qui écrivent. Entendons par là, ceux qui ont des raisons d’utiliser l’écriture pour ce qu’elle a de particulier par rapport à la langue orale : la rapidité d’accès à l’information et la capacité qui lui est propre pour structurer et donner un autre sens à la réalité qu’elle représente. L’usage expert de l’écrit permet, en effet, non seulement de représenter le réel, mais aussi d’effectuer sur celui-ci des opérations intellectuelles, sans cesse renouvelables, jusqu’à donner à la réalité une allure transformée et acceptable.

Pour diffuser un tel modèle éducatif, implicitement contradictoire, le système politique dispose, certes, de tous les outils modernes de la communication, mais il peut compter aussi sur le poids de l’histoire et du passé. En effet, ces derniers pèsent sur les représentations dont nous disposons tous du système d’éducation, par le biais des nombreux préjugés et idées reçues qui constituent la référence inconsciente et morale de tout un corps social.

Débusquer, partiellement, certaines de ces idées reçues, installées confortablement autour de nous, qu’elles tiennent lieu de support théorique ou de pratiques, pédagogiques notamment, est l’objectif ambitieux et démesuré de cet ouvrage. Espérons qu’il contribuera, au mieux, à susciter une amorce de questionnement chez quelques lecteurs curieux… Débusquer, partiellement, certaines de ces idées reçues, installées confortablement autour de nous, qu’elles tiennent lieu de support théorique ou de pratiques, pédagogiques notamment, est l’objectif ambitieux et démesuré de cet ouvrage. Espérons qu’il contribuera, au mieux, à susciter une amorce de questionnement chez quelques lecteurs curieux…

Dominique Vachelard est enseignant des écoles et militant pédagogique au sein de l’Association Française pour la Lecture. Depuis plusieurs années, il est engagé dans une très modeste transformation de l’école, à la fois dans sa propre pratique de la classe, comme dans la réflexion théorique, au sein de l’AFL et de l’ICEM-Freinet.

Son espoir, comme celui des enseignants de demain, est celui d’une évolution vers une institution scolaire capable de conduire avec bienveillance ses publics vers une maitrise partagée des savoirs les plus experts, et l’exercice des comportements les plus solidaires, afin de réduire la prégnance des inégalités, si caractéristiques de notre modèle social.